Vive la révolution

Si la politique bourgeoise vous décourage et vous enrage, voici un blog où va s'exprimer le même écoeurement. On y trouvera des textes pertinents et vous pourrez les commenter. Je me réserve le droit de les modérer. Ceci dit, chiâler c'est beau, il reste que ce n'est pas ici qu'on va faire la révolution. Mais il faut commencer par en discuter pour la faire. Il y a du monde qui pense qu'on peut la faire et que, effectivement, elle améliorera le sort de l'humanité. Si on veut propager un point de vue révolutionnaire sur la réalité, c'est un début pour avancer!

mercredi 12 septembre 2007

Crétinisme parlementaire et femmes voilées


Ce texte, ci-bas, dont l'ouverture d'esprit tranche avec ce qu'on peut entendre dans les grands media bourgeois, provient de la liste de diffusion Le Drapeau Rouge Express. Il nous rappelle le sens véritable de la démocratie. Non pas des procédures tâtillonnes où un "geste civique d'intégration à la société" s'exprime mais le droit à tous et toutes de participer à la vie politique. Ce sont deux manières très distinctes de concevoir la démocratie; une, stupidement bourgeoise, l'autre, plus prolétarienne.
Mathieu L.

Voilà qu’on nous assomme encore avec cette histoire du vote des femmes voilées et le délire hystérique généralisé qui l’entoure. Les racistes grossiers comme celui de Hérouxville et ceux et celles plus sophistiquéEs du Plateau Mont-Royal trouvent outrageux que des femmes puissent éventuellement voter sans montrer leur visage.

Pourtant, le directeur d’Élections Canada a mis plusieurs embûches à cette possibilité. L’électrice voilée devra produire deux pièces d’identité ou à défaut, trouver une personne garante dans sa section de vote. Soit dit en passant, c’est la même règle qui s’applique pour un grand brûlé ou toute autre personne qui doit avoir le visage recouvert pour des raisons médicales. Compte tenu du très petit nombre de musulmanes qui portent le niqab au Québec (une dizaine, apparemment) et du fait qu’aucune n’a demandé quoique ce soit à Élections Canada, le problème demeure plus théorique que pratique.

Les leaders d’opinion insistent beaucoup sur les « valeurs communes de la société d’intégration » (lire : celles du Québec impérialiste), mais ils ne parlent pas de l’exercice d’un droit démocratique fondamental – celui de voter – pour les femmes musulmanes comme pour toutes les autres. Si ça se trouve, ça leur importe peu qu’une femme portant le niqab se voit refuser l’exercice du droit de vote, à défaut d’un arrangement qui lui permette de le faire sans devoir subir les foudres de son mari ou de son imam.

Même si les maoïstes font campagne pour le boycott des élections, ils et elles défendent le droit de voter. Ce qu’ils et elles dénoncent, justement, c’est combien la démocratie bourgeoise est tout, sauf démocratique. En venir à assimiler démocratie et concurrence électorale à tous les quatre ou cinq ans revient à nier ce qui est l’essence même de la démocratie. La démocratie, c’est l’exercice du pouvoir par le peuple; elle implique donc une participation effective de la population. Les procédures dans lesquelles s’exerce un scrutin électoral ne sont pas, en soi, révélatrices de la bonne santé d’une démocratie. Si ces procédures en viennent à exclure une partie de la population pour des raisons ethniques, linguistiques, socio-économiques ou ici, de port d’un vêtement, il y a un problème.

Que des gens de droite s’opposent au droit de vote de certaines catégories de la population, ça s’est déjà vu. Le Ku Klux Klan l’a fait avec les NoirEs. Dans la majorité des démocraties bourgeoises, le droit de vote n’a longtemps été réservé qu’aux seuls propriétaires de sexe masculin. Encore dans les années 1950, seuls les propriétaires avaient droit de vote à Montréal. Pourtant, en URSS, depuis 1936 déjà, le droit de vote formel joint au droit de proposer des candidatEs aux différentes instances était garanti constitutionnellement pour toutes et tous, peu importe l’origine sociale, le sexe, etc. Il n’était pas nécessaire d’être membre du Parti communiste pour être élu. Il se trouve que les candidatEs indépendantEs avaient plus de chance d’être éluEs dans un soviet qu’ils et elles peuvent l’être dans les parlements de notre « démocratie », qui oblige à appartenir à des coteries (les partis politiques) largement financées et appuyées idéologiquement par la bourgeoisie.

Mais maintenant, que des gens qui se disent progressistes prétendent empêcher l’exercice du droit de vote d’une catégorie même minime de la population, voilà qui devient problématique. Le député du Bloc québécois (et ex-trotskiste) Pierre Paquette, s’est rabaissé à participer à cette hystérie collective, en prétextant les valeurs de la nation québécoise. Au nom d’un féminisme très particulier, Michelle Asselin, présidente de la Fédération des femmes du Québec, s’est elle aussi objecté au droit de vote de cette catégorie de femmes. Mais pourquoi donc?
Le voile serait le symbole de l’oppression des femmes? Très bien. Mais alors, devrait-on faire payer à ces femmes deux fois plus l’oppression qui résulte du port du voile en les empêchant de voter? À moins que ce soit pour empêcher ces femmes – de force – de se soumettre à des valeurs rétrogrades « non-québécoises » (car on sait bien qu’au Québec, on n’a jamais connu ça, le viol, la misogynie et la discrimination…)? Mais que sait-on des valeurs de ces femmes qui portent le voile ou le niqab? Comment peut-on présumer de leur opinion du seul fait de leur tenue vestimentaire? Dans les faits, Michelle Asselin s’oppose au droit de vote de ces femmes. Cela est très grave pour une ancienne marxiste-léniniste qui, on peut le constater, a rétrogradé vers les points de vue de Françoise Gaudet-Smet; dans les années 1930 et 1940, celle-ci s’opposait au droit de vote des femmes en disant que de toutes façons, elles n’étaient capables que de reproduire les idées de leurs maris. Heureusement que les femmes du Québec ont obtenu le droit de vote en 1941. Or, au nom des valeurs québécoises, on veut maintenant le restreindre.

Le crétinisme parlementaire a tellement docilisé la gauche québécoise qu’une partie de celle-ci en vient à tenir les mêmes discours stupides et réactionnaires qui représentent le fond de commerce de l’Action démocratique de Mario Dumont. Les histoires d’« identité collective », de « valeurs québécoises », du « nous contre eux », etc., en quoi permettent-elles d’organiser le camp du prolétariat et de la révolution sociale? Qu’une femme du peuple soit vêtue comme elle le souhaite, elle mérite d’être respectée. Ses opinions peuvent changer, que ce soit dans le « bon sens » ou le mauvais. Si on l’ostracise et l’exclut, ses idées ne pourront jamais être confrontées à d’autres, peut-être plus progressistes. Encore faut-il savoir quelles sont les idées vraiment progressistes, quand on voit la gauche légale adopter le discours de l’ADQ.

Il importe de mener une lutte sans merci pour que la gauche québécoise s’affranchisse du crétinisme parlementaire et de son corollaire, le nationalisme bourgeois. Si cela n’est pas fait, il sera très difficile d’unifier le camp du prolétariat. L’attitude minable de certainEs « progressistes », ces derniers temps, traduit un positionnement politique, non pas au service du prolétariat mais au service de la bourgeoisie, dont le but est de diviser pour régner. Ne laissons pas la bourgeoisie gagner cette bataille idéologique qui vise à nous convaincre des « bienfaits » de sa démocratie tronquée.

Un correspondant

vendredi 7 septembre 2007

Quoi construire? Québec Solidaire ou un parti révolutionnaire?


Il y a quelque temps, on a pu voir combien le PCQ-pensée André Parizeau démontrait plus d'empressement à ménager ses amis de Québec Solidaire plutôt qu'à faire la promotion de la révolution lorsque, après avoir signifier leur intention de joindre le contingent anti-impérialiste et révolutionnaire, a tout simplement décider de retirer son nom de l'appel à celui-ci. Il faut savoir que lorsqu'on fait un choix politique, celui-ci n'est pas innocent. Le communisme n'est pas une joute oratoire extrême où on tente, dans l'abstrait du discours, de montrer qu'on en sait beaucoup sur l'histoire du marxisme et que, à ce titre, on tente de disqualifier l'adversaire en l'accusant de ne pas l'être au nom d'une vision abstraite des choses. Seuls des crétins de trotskystes peuvent réduire l'activité communiste à cela.

Quel est le concret du communisme aujourd'hui? Fondamentalement, tant que le communisme intégral n'existe pas, il s'agit de mener la lutte pour transformer des rapports sociaux actuellement marchands et capitalistes en rapports sociaux communistes. Donc, il faut savoir à quel étape nous sommes et agir en conséquence. Il faut aussi savoir vers où on va (notre but) et avoir une bonne idée d'un chemin à prendre (la stratégie et la tactique). Sous le communisme, puisqu'il n'y a plus de propriétaires privés des moyens de production et puisque les relations marchandes n'existent plus, les biens et services ne sont plus échangés mais partagés ou redistribués sans que l'argent n'entre en ligne de compte. S'il demeure une certaine comptabilité des ressources allouées pour les différentes activités, elle ne se fait plus par le biais de l'argent (Engels parle d'unité de compte comme unité de comptabilisation). Une petite étude de la notion de la monnaie dans le Capital peut nous montrer quelle fonction, elle occupe sous le capitalisme, fonction qui n'existerait plus sous le communisme. Tout cela pour dire que le travail des communistes consistent à transformer les rapports sociaux.

Comment on fait maintenant pour passer de la situation actuelle à celle de la construction effective du communisme. Il y a différentes étapes à suivre. Chaque étape, une fois effectuée, devrait permettre de poser les jalons pour passer à l'étape suivante. Cela veut dire qu'à tous les moments, il y a une analyse de la situation concrète à faire pour déterminer les mots d'ordre concrets à appliquer. Cela veut dire quil faut donc une direction consciente, en lien avec les masses, un parti révolutionnaire prolétarien donc. Sans cela, on ne peut espérer passer d'une étape à l'autre pour transformer les choses. Pour le moment, les tâches tiennent plus à la lutte idéologique et politique qu'à la lutte économique.

Il y en a cependant pour dire qu'il ne faut pas trop insister sur la question des étapes; une fois que l'on se serait engagé dans un certain type d'activités, les choses débouleraient tout seul et on se dirigerait vers le communisme. Il s'agit ici de la fumeuse théorie de la révolution permanente du fumeux contre-révolutionnaire Trotsky. Cette théorie se résume à un schéma bien simple. Maintenant, on crée le grand parti des travailleurs (que ce parti ait conscience qu'il l'est ou qu'il ne l'est pas importe peu?). Ce parti grossit et grossit. Il arrive un temps où, les travailleurs et travailleuses, comme par magie, prennent conscience qu'ils et elles peuvent prendre le pouvoir. Cependant, une minorité dans le parti freine cette marche. Alors vient un conflit et se crée un parti révolutionnaire qui prend le pouvoir. Le parti prend quelques mesures dites révolutionnaires en faisant des nationalisations et comme par magie le socialisme se transforme en communisme. Sous le socialisme, il y a bien sûr des conflits. Il y a toujours une fraction du parti qui sait quoi faire; les trotskystes. Ce sont elles et eux qui doivent être les dirigeantEs dans les instances. Il y a toujours d'autre monde pour faire le travail de bras et ces dernières et derniers doivent suivent les directives des trotskystes qui sont au courant de tout parce qu'ils et elles lisent beaucoup les oeuvres de Trotsky. S'il arrive que les trotskystes sont expulsés du Parti, alors la révolution est trahie. Des incultes qui n'ont pas lu Trotsky ne peuvent rien faire...
Comment des trotskystes peuvent appliquer ce schéma au Québec? Ils et elles joignent Québec Solidaire. Ils et elles font des jeux de coulisse pour se retrouver dans les instances. Ils et elles doivent encore se dire communistes et maintenir l'existence d'une petite coterie. Cette fraction doit servir pour permettre aux tenants de cette ligne dans les instances d'imposer leur point de vue. Des menaces de départ en bloc, ça fait toujours peur et il faut bien utiliser cette possibilité dans des rapports bureaucratiques. Ces trotskystes font des propositions de programmes. Par exemple, il faut faire des nationalisations. Mais pourquoi? D'après ce qu'on peut comprendre, cela serait bon pour l'économie (les forces productives) ce qui, comme par magie, devrait permettre de passer au communisme. N'oublions pas que nous sommes dans un processus de "révolution permanente" où une petite gang en sait beaucoup et où les choses se réalisent comme cela, la dite "avant-garde trotskyste" monopolisant les postes dans les instances et savant tout.

Disons que des nationalisations peuvent se faire sous le capitalisme et peuvent même le servir. Au Québec, cela s'est fait dans les années 60 et il semble que la bourgeoisie québécoise y a trouvé son compte. Pourtant, l'électricité demeure une marchandise. Elle est vendu à des consommateurs et consommatrices et elle cherche à dégager de gros profits pour son actionnaire, l'État bourgeois du Québec. Si toutes les entreprises nationalisées fonctionneraient comme hydro-québec sous le socialisme, nous n'approcherions certainement pas du communisme. C'est ce qu'on appellerait du capitalisme d'État.

Dans le programme de Québec Solidaire on retrouve la création d'Éole Québec et Pharma Québec, deux entreprises publics qui feraient pression sur les entrprises privées pour faire baisser les prix des marchandises. Le PCQ, si on se fie à certains textes d'André Parizeau où on retrouve une idée du programme économique de cette organisation, demande que soit nationalisée au moins une banque1. Pour quelle raison: « Non seulement la mise en place d'une banque sous le contrôle de l'État pourrait devenir, avec le temps, une source appréciable de revenus pour ce dernier, lesquels revenus pourraient alors servir à financer encore mieux nos services publics (au lieu de servir uniquement les intérêts de spéculateurs et autres investisseurs privés, ce qui est totalement inutile d'un point de vue social), mais cela permettrait sûrement aussi, et ce à très court terme, de réduire le fardeau des dépenses pour les simples citoyens, ainsi que pour la petite et moyenne entreprise, en forçant en particulier les autres institutions financières à changer leurs propres politiques en matière de frais d'administration et de fixation des taux d'intérêts.»

Eh bien soit... une banque nationalisée au service de la population! Pourtant, Trudeau, dans le domaine du pétrole n'avait-il pas tenté de créer une entreprise qui aurait profité de l'exploitation pétrolière pour rendre abordable l'essence aux citoyenNEs et aux entreprises du Canada. On parle ici de Petro-Canada. Avec les résultats que nous voyons, le but de Pierre Elliot Trudeau n'a pas été atteint. Même que cette entreprise fort profitable maintenant, n'est plus une société de la couronne. Dans la même veine des nationalisations, on pourrait aussi envisager celles de toutes les compagnies d'assurance au Québec. Cela ferait un vaste fond d'argent dont une partie pourrait être retournée à la population sous forme d'une assurance médicament gratuite comprenant certains soins dentaires gratuits et autres, et dont une autre partie pourrait servir pour financer le développement économique du Québec comme le fait la caisse de dépôt et de placement du Québec qui gère les fonds de la Régie des rentes du Québec. Ça pourrait rejoindre celles contenues dans le document Des propositions concrètes en six points pour relancer l'économie du Québec2, relance qui se fera en redevenant maître chez nous et en créant une auto électrique.

En admettant que, certaines de ces propositions pourraient avoir une certaine utilité pour un premier stade du socialisme et qu'elles permettent de cheminer effectivement vers le communisme, aident-elles maintenant à mobiliser les masses populaire sur l'essentiel actuellement soit la construction d'un parti révolutionnaire. La bourgeoisie pourrait récupérer certaines de ces propositions économiques si elle en voit un certain intérêt. Une nationalisation, en soi, n'a rien de prolétarienne. Elle le devient si elle permet au prolétariat d'exercer son pouvoir politique. Si ces nationalisations permettent l'expression effective d'une politique prolétarienne au poste de commande, c'est ce qui compte. Mais aujourd'hui, à notre étape, peut-être existe-il des revendications plus simples mais plus mobilisatrices pour les masses? Une revendication doit servir à organiser le camp des masses et doit servir à élever son niveau de conscience politique.

Ces revendications qui répondent aux besoins des masses, on doit en articuler les luttes de manière à ce qu'il y ait un travail politique de fait. On dit que, sous le socialisme, la politique prolétarienne doit être au poste commande de l'économie. Comment, maintenant, crée-t-on les conditions pour passer à cela. Il faut bien créer le parti. Il faut qu'une partie importante des masses y adhèrent. Il faut bien que les masses soient pour la révolution et pour le socialisme. Si on en parle jamais et si on fait la promotion d'un programme économique dont la bourgeoisie peut s'accomoder, en quoi faisons-nous avancer la cause du communisme?

Il y en a qui vont dire que les masses ne sont pas prêtes pour le communisme et qu'il faut les attraper en faisant un certain détour (Québec Solidaire). Comment peut-on espérer que les masses prolétariennes puissent exercer un pouvoir un jour, si on ne leur fait pas confiance aujourd'hui et si on ne croit pas que, suite à un processus, leur niveau de conscience peut s'élever? D'ailleurs, l'histoire montre qu'il peut arriver un moment où le niveau de conscience des masses devient supérieur à celui de l'avant-garde. C'est donc dire qu'il doit exister une relation dialectique entre les masses et le parti prolétarien. Participer à des forums internet, et discuter de Trotsky, de Staline et de la pensée André Parizeau ne sont pas les éléments qui aident le plus à créer cette relation dialectique.

Travailler surtout à la construction de Québec Solidaire et se refuser à construire un parti révolutionnaire revient tout simplement à mépriser les masses. Les communistes croient fermement que les masses prolétariennes pourront exercer le pouvoir un jour. En conséquence, ils et elles ne craignent pas d'aller les voir, les interpeller et discuter franchement de révolution. Ils et elles organisent le parti qui va jouer un rôle déterminant dans cette révolution. Il y en a qui parlent de faire l'union de la gauche. Les masses ne votent pas pour la "gauche" et ne s'intéressent pas vraiment à la politique bourgeoise parce qu'elles n'y trouvent pas un intérêt. Ceci dit, il se peut aussi qu'elles rejettent aussi tout ce qui concerne la politique, l'assimilant à quelque chose de malsain et on comprend pourquoi. Les communistes prônent l'unité avec les masses, prônent la fusion du socialisme scientifique avec le prolétariat et cela n'a rien à voir avec l'unité de la gauche actuellement.

1http://www.pcq.qc.ca/Dossiers/PCQ/Economie/DesSecteursCles.htm
2http://www.pcq.qc.ca/Dossiers/PCQ/Economie/PropositionsRelanceEconomie.htm