Vive la révolution

Si la politique bourgeoise vous décourage et vous enrage, voici un blog où va s'exprimer le même écoeurement. On y trouvera des textes pertinents et vous pourrez les commenter. Je me réserve le droit de les modérer. Ceci dit, chiâler c'est beau, il reste que ce n'est pas ici qu'on va faire la révolution. Mais il faut commencer par en discuter pour la faire. Il y a du monde qui pense qu'on peut la faire et que, effectivement, elle améliorera le sort de l'humanité. Si on veut propager un point de vue révolutionnaire sur la réalité, c'est un début pour avancer!

dimanche 7 octobre 2007

Science, politique et révolution


Dernièrement, sur le Blog Voix de faits, il y avait une critique anarchiste du Parti Communiste Révolutionnaire qu'on peut voir à l'adresse suivante http://voixdefaits.blogspot.com/2007/10/une-critique-anarchiste-du-pcr-premire.html
Les rapports entre la science, la politique et la révolution y sont expédiés de manière assez cavalière. Je me suis donc risquer à une critique personnelle du point de vue soutenue par le bloggueur.
ML

Peut-on être scientifique au niveau politique? Il faut absolument répondre oui. Il serait erroné de soutenir que la politique est quelque chose d'éminemment subjectif et que, à ce compte, on ne pourrait pas avoir une pratique scientifique de la révolution. Si on dit que notre pratique ne peut rien avoir de scientifique, c'est qu'on suppose qu'on adhère à une série de valeurs et qu'il nous suffit de les propager comme le ferait un mormon ou un témoin de Jéhovah qui a fait un acte de foi et que pour la rendre vivante se sent obligé de la répandre. Par ailleurs, si on arrive avec l'idée qu'il ne peut y avoir de pratique scientifique au niveau politique, on vient de disqualifier pleins de programmes universitaires qui disent enseigner la science politique. Maintenant, à savoir ce qui relève vraiment de la science dans ces programmes et ce qui n'en relève pas, c'est une autre histoire. Il n'en reste pas moins qu'il existe un domaine de pensée qu'on nomme science politique.

Ceci dit, ce qui définit une science peut être très variable. Il y en a pour dire que le contenu scientifique dans les oeuvres de Marx ne se réduit qu'à ses travaux au niveau économique et que le reste n'est que le récit d'une pratique politique sans lien direct avec ses écrits scientifiques en économie. Ceci voudrait dire que des écrits tout de même forts comme "Les luttes de classe en France", "Le dix-huit brumaire" "La guerre civile en France" ou même "Le manifeste du Parti communiste" ne pourraient avoir aucune prétention scientifique. Et pourtant, ces textes nous amènent à réfléchir sur la pratique politique des masses à cette époque et formulent des enseignements pour enligner la pratique des révolutionnaires.

Il y a ces textes qui font partie d'un patrimoine scientifique révolutionnaire mais il y a aussi la pratique même des masses. Mais oui, la pratique de la science de la révolution peut être aussi le fait de gens plus ou moins instruits. À vrai dire, dans bien des cas, la pratique n'est pas que l'apanage des gens qui écrivent des textes. On le voit bien quand des professeurs utilisent les travaux de leurs étudiantEs pour faire avancer leurs propres travaux de recherches. Il n'en reste pas moins que celles et ceux qui écrivent, synthétisent cette pratique et la rendent transmissible largement, jouent un rôle central dans les progrès des sciences.

Si on ne réduit pas la science a des écrits de savants instruits, on peut admettre qu'une science de la révolution peut être une synthèse de l'expérience révolutionnaire des masses et pour le PCR et le courant maoïste mondial, le marxisme-léninisme-maoïsme est ce qui synthétise le mieux ce qu'est cette expérience révolutionnaire. Bien sûr que le PCR reconnaît le rôle important de Marx, Lénine et Mao dans ce travail de synthèse, entre autres par leurs écrits et leurs pratiques mais il affirme aussi qu'une science de la révolution évolue en fonction d'une pratique effective. Toute science ne devrait pas être figée et doit évoluer. N'y a-t-il pas une discipline qui s'appelle l'histoire des sciences?

Juste pour revenir à cette division entre ce qui est de l'ordre de l'objectif et du subjectif, il pourrait être intéressant de réfléchir sur les différents comportements individuels des militantEs. Relèvent-ils tout le temps de l'état d'esprit de l'individus? Il ne faut pas oublier que l'être humain est un animal social et qu'il est largement déterminé par des éléments qui sont indépendants de sa volonté. Les schèmes de pratique des militantEs n'échappent pas nécessairement à ce qui se fait dans la société. Quand des individus exercent un certain leadership dans un milieu politique, ce leadership peut être empreint de ce qu'il connaît. Prenons un exemple au hasard. Quels modes de leaderships existent-ils dans des organisations communautaires, étudiantes et syndicales? Il y a celui de l'animateur social, celui du gestionnaire de pme, celui du bureaucrate blasé et peut-être d'autres qui m'échappent. Quels sont ceux qui sont repris dans les organisations politiques? Et pourtant, il devrait y en exister un autre basé sur une direction politique prolétarienne. Rompre avec des habitudes héritées de la société bourgeoise n'est pas aisé mais cela se fait. Il faut reconnaître que nous sommes largement déterminés par la société mais que, par un travail conscient, on peut faire un travail sur ses pratiques, ce qui revient finalement à influencer le travail que les militantEs vont exercer parmi les masses. Et ceci est vrai pour des organisations.

Il est bizarre que des anarchistes rejettent aussi cavalièrement la science. Pourtant, chez les anarchistes, il y a des scientifiques éminents. Pensons à Élisée Reclus dans le domaine de la géographie, Noam Chomsky dans le domaine de la linguistique (il n'y a pas beaucoup de subjectivité dans sa théorie), Jean Bricmont, etc. Il est vrai aussi qu'au niveau de l'épistémologie, des auteurs comme Fayarabend se réclamait d'un anarchisme méthodologique que cela revenait à remettre en question toutes les conventions scientifiques et abolir le concept même de science. Mais, n'y a-t-il pas des anarchistes qui ont réfléchi à une science de la révolution anarchiste?

Mais, j'émets une hypothèse, il se peut que l'anarchisme n'ait pas besoin de cette science. L'anachisme présume que, plus ou moins spontanément, les masses peuvent s'émanciper. Les anarchistes, par une pratique de minorité agissante vont réveiller cette spontané endormie et finalement les masses vont être en mesure, spontanément, de définir un projet social. Pour les maoïstes, cette révolution est plutôt consciente. Il faut absolument avoir une conception scientifique de la réalité sociale pour nous permettre de comprendre la réalité sociale et nous indiquer quels mots-d'ordre mettre de l'avant-garde pour arriver là où on doit se diriger. On doit aussi avoir des organisations pour réaliser ce but dont, notamment, un parti, qui coordonnera le travail révolutionnaire. Pour définir des mots-d'ordre, on doit tenter d'anticiper sur le mouvement social. Quand les maoïstes parlent d'un parti d'avant-garde, ce n'est pas pour montrer que ceux-ci et celles-ci connaissent tout, mais bien pour essayer de mettre des mots-d'ordres qui doivent faire avancer le mouvement. Il y a peut-être un processus avec de l'essai et de l'erreur mais il y a aussi une tentative de sortir de la stagnation de la pratique empirico-spontanéiste. Les révolutionnaires n'ont pas le droit d'être conservateurs.

Connaître la réalité sociale revient à définir comment est structuré une société. Pour le marxisme, la contradiction fondamentale est entre les forces productives et les rapports. Dans une société capitaliste avancée, c'est clairement entre le caractère sociale des forces productives et le caractère privé des rapports de productives ce qui, sur le plan social, prend l'aspect d'une contradiction entre le prolétariat (principale force productive socialisée) et la bourgeoisie qui détient ou contrôle les moyens de production. Juste pour dire ici qu'une nationalisation ne supprime pas en soi le caractère privé des rapports sociaux. Prenons l'exemple d'Hydro-Québec qui vent de l'électricité aux particuliers et aux entreprises. Elle vend une marchandise, de l'électricité, et dégage du profit. La distinction entre le producteur direct, le détenteur des moyens de production et le consommateur est maintenue. En URSS, cette distinction était maintenue pour la plupart des entreprises et, durant les dernières décennies, rien n'était fait pour restreindre cette distinction. Sous le socialisme, il faudra trouver les manières pour sortir la production et la distribution des biens et services de l'univers des rapports marchands. Comment y arriver? Il faut y penser.

Mais dans une société où les forces productives ne sont pas suffisamment socialisées et où les rapports de production ne sont même pas encore capitalistes que se passe-t-il? Les contradictions de classes et les contradictions sociales ne sont plus les mêmes. Pour transformer les rapports sociaux qui retardent et pour socialiser les forces productives, les classes qui auront intérêt au changement ne seront pas les mêmes que celles dans un régime capitaliste avancée. Par ailleurs, à l'époque de l'impérialisme, les contradictions de classes vont être teintées d'une lutte contre le colonialisme ou le néo-colonialisme dans ces pays.

Il y a une contradiction fondamentale entre les rapports de production et les forces productives qui se répercutent au niveau social, d'où la notion de contradiction principale et contradictions secondaire. On ne doit pas confondre cette notion avec question principale et questions secondaires. Un édifice social est beaucoup plus complexe. On doit travailler sur toutes les contradictions mais, il n'en reste pas moins qu'il y en a une qui soude tout l'édifice social dans un contexte historique bien précis. Pour parvenir au socialisme, il est inimaginable de penser que sans une mobilisation du prolétariat en tant que classe, on pourra y parvenir. Ceci dit, pour l'heure, ça ne veut pas dire qu'on doit ignorer les autres contradictions. Pour unir le prolétariat en tant que classe, il faut travailler sur les contradictions secondaires. Il se peut même que les révolutionnaires doivent mettre plus de temps sur ces contradictions secondaires pour le moment. C'est dans un parti prolétarien que se définisse les priorités d'intervention.

Conséquemment à une vision scientifique de la lutte révolutionnaire, la tâche de l'heure est de construire un parti révolutionnaire prolétarien en s'appuyant sur les forces du prolétariat et en tentant de l'unir de manière à ce que le prolétariat en tant que classe consciente renverse la bourgeoisie, ce qui permettra par la suite de transformer les rapports sociaux. C'est vrai, il y a une différence entre l'anarchisme et le communisme révolutionnaire.

mercredi 12 septembre 2007

Crétinisme parlementaire et femmes voilées


Ce texte, ci-bas, dont l'ouverture d'esprit tranche avec ce qu'on peut entendre dans les grands media bourgeois, provient de la liste de diffusion Le Drapeau Rouge Express. Il nous rappelle le sens véritable de la démocratie. Non pas des procédures tâtillonnes où un "geste civique d'intégration à la société" s'exprime mais le droit à tous et toutes de participer à la vie politique. Ce sont deux manières très distinctes de concevoir la démocratie; une, stupidement bourgeoise, l'autre, plus prolétarienne.
Mathieu L.

Voilà qu’on nous assomme encore avec cette histoire du vote des femmes voilées et le délire hystérique généralisé qui l’entoure. Les racistes grossiers comme celui de Hérouxville et ceux et celles plus sophistiquéEs du Plateau Mont-Royal trouvent outrageux que des femmes puissent éventuellement voter sans montrer leur visage.

Pourtant, le directeur d’Élections Canada a mis plusieurs embûches à cette possibilité. L’électrice voilée devra produire deux pièces d’identité ou à défaut, trouver une personne garante dans sa section de vote. Soit dit en passant, c’est la même règle qui s’applique pour un grand brûlé ou toute autre personne qui doit avoir le visage recouvert pour des raisons médicales. Compte tenu du très petit nombre de musulmanes qui portent le niqab au Québec (une dizaine, apparemment) et du fait qu’aucune n’a demandé quoique ce soit à Élections Canada, le problème demeure plus théorique que pratique.

Les leaders d’opinion insistent beaucoup sur les « valeurs communes de la société d’intégration » (lire : celles du Québec impérialiste), mais ils ne parlent pas de l’exercice d’un droit démocratique fondamental – celui de voter – pour les femmes musulmanes comme pour toutes les autres. Si ça se trouve, ça leur importe peu qu’une femme portant le niqab se voit refuser l’exercice du droit de vote, à défaut d’un arrangement qui lui permette de le faire sans devoir subir les foudres de son mari ou de son imam.

Même si les maoïstes font campagne pour le boycott des élections, ils et elles défendent le droit de voter. Ce qu’ils et elles dénoncent, justement, c’est combien la démocratie bourgeoise est tout, sauf démocratique. En venir à assimiler démocratie et concurrence électorale à tous les quatre ou cinq ans revient à nier ce qui est l’essence même de la démocratie. La démocratie, c’est l’exercice du pouvoir par le peuple; elle implique donc une participation effective de la population. Les procédures dans lesquelles s’exerce un scrutin électoral ne sont pas, en soi, révélatrices de la bonne santé d’une démocratie. Si ces procédures en viennent à exclure une partie de la population pour des raisons ethniques, linguistiques, socio-économiques ou ici, de port d’un vêtement, il y a un problème.

Que des gens de droite s’opposent au droit de vote de certaines catégories de la population, ça s’est déjà vu. Le Ku Klux Klan l’a fait avec les NoirEs. Dans la majorité des démocraties bourgeoises, le droit de vote n’a longtemps été réservé qu’aux seuls propriétaires de sexe masculin. Encore dans les années 1950, seuls les propriétaires avaient droit de vote à Montréal. Pourtant, en URSS, depuis 1936 déjà, le droit de vote formel joint au droit de proposer des candidatEs aux différentes instances était garanti constitutionnellement pour toutes et tous, peu importe l’origine sociale, le sexe, etc. Il n’était pas nécessaire d’être membre du Parti communiste pour être élu. Il se trouve que les candidatEs indépendantEs avaient plus de chance d’être éluEs dans un soviet qu’ils et elles peuvent l’être dans les parlements de notre « démocratie », qui oblige à appartenir à des coteries (les partis politiques) largement financées et appuyées idéologiquement par la bourgeoisie.

Mais maintenant, que des gens qui se disent progressistes prétendent empêcher l’exercice du droit de vote d’une catégorie même minime de la population, voilà qui devient problématique. Le député du Bloc québécois (et ex-trotskiste) Pierre Paquette, s’est rabaissé à participer à cette hystérie collective, en prétextant les valeurs de la nation québécoise. Au nom d’un féminisme très particulier, Michelle Asselin, présidente de la Fédération des femmes du Québec, s’est elle aussi objecté au droit de vote de cette catégorie de femmes. Mais pourquoi donc?
Le voile serait le symbole de l’oppression des femmes? Très bien. Mais alors, devrait-on faire payer à ces femmes deux fois plus l’oppression qui résulte du port du voile en les empêchant de voter? À moins que ce soit pour empêcher ces femmes – de force – de se soumettre à des valeurs rétrogrades « non-québécoises » (car on sait bien qu’au Québec, on n’a jamais connu ça, le viol, la misogynie et la discrimination…)? Mais que sait-on des valeurs de ces femmes qui portent le voile ou le niqab? Comment peut-on présumer de leur opinion du seul fait de leur tenue vestimentaire? Dans les faits, Michelle Asselin s’oppose au droit de vote de ces femmes. Cela est très grave pour une ancienne marxiste-léniniste qui, on peut le constater, a rétrogradé vers les points de vue de Françoise Gaudet-Smet; dans les années 1930 et 1940, celle-ci s’opposait au droit de vote des femmes en disant que de toutes façons, elles n’étaient capables que de reproduire les idées de leurs maris. Heureusement que les femmes du Québec ont obtenu le droit de vote en 1941. Or, au nom des valeurs québécoises, on veut maintenant le restreindre.

Le crétinisme parlementaire a tellement docilisé la gauche québécoise qu’une partie de celle-ci en vient à tenir les mêmes discours stupides et réactionnaires qui représentent le fond de commerce de l’Action démocratique de Mario Dumont. Les histoires d’« identité collective », de « valeurs québécoises », du « nous contre eux », etc., en quoi permettent-elles d’organiser le camp du prolétariat et de la révolution sociale? Qu’une femme du peuple soit vêtue comme elle le souhaite, elle mérite d’être respectée. Ses opinions peuvent changer, que ce soit dans le « bon sens » ou le mauvais. Si on l’ostracise et l’exclut, ses idées ne pourront jamais être confrontées à d’autres, peut-être plus progressistes. Encore faut-il savoir quelles sont les idées vraiment progressistes, quand on voit la gauche légale adopter le discours de l’ADQ.

Il importe de mener une lutte sans merci pour que la gauche québécoise s’affranchisse du crétinisme parlementaire et de son corollaire, le nationalisme bourgeois. Si cela n’est pas fait, il sera très difficile d’unifier le camp du prolétariat. L’attitude minable de certainEs « progressistes », ces derniers temps, traduit un positionnement politique, non pas au service du prolétariat mais au service de la bourgeoisie, dont le but est de diviser pour régner. Ne laissons pas la bourgeoisie gagner cette bataille idéologique qui vise à nous convaincre des « bienfaits » de sa démocratie tronquée.

Un correspondant

vendredi 7 septembre 2007

Quoi construire? Québec Solidaire ou un parti révolutionnaire?


Il y a quelque temps, on a pu voir combien le PCQ-pensée André Parizeau démontrait plus d'empressement à ménager ses amis de Québec Solidaire plutôt qu'à faire la promotion de la révolution lorsque, après avoir signifier leur intention de joindre le contingent anti-impérialiste et révolutionnaire, a tout simplement décider de retirer son nom de l'appel à celui-ci. Il faut savoir que lorsqu'on fait un choix politique, celui-ci n'est pas innocent. Le communisme n'est pas une joute oratoire extrême où on tente, dans l'abstrait du discours, de montrer qu'on en sait beaucoup sur l'histoire du marxisme et que, à ce titre, on tente de disqualifier l'adversaire en l'accusant de ne pas l'être au nom d'une vision abstraite des choses. Seuls des crétins de trotskystes peuvent réduire l'activité communiste à cela.

Quel est le concret du communisme aujourd'hui? Fondamentalement, tant que le communisme intégral n'existe pas, il s'agit de mener la lutte pour transformer des rapports sociaux actuellement marchands et capitalistes en rapports sociaux communistes. Donc, il faut savoir à quel étape nous sommes et agir en conséquence. Il faut aussi savoir vers où on va (notre but) et avoir une bonne idée d'un chemin à prendre (la stratégie et la tactique). Sous le communisme, puisqu'il n'y a plus de propriétaires privés des moyens de production et puisque les relations marchandes n'existent plus, les biens et services ne sont plus échangés mais partagés ou redistribués sans que l'argent n'entre en ligne de compte. S'il demeure une certaine comptabilité des ressources allouées pour les différentes activités, elle ne se fait plus par le biais de l'argent (Engels parle d'unité de compte comme unité de comptabilisation). Une petite étude de la notion de la monnaie dans le Capital peut nous montrer quelle fonction, elle occupe sous le capitalisme, fonction qui n'existerait plus sous le communisme. Tout cela pour dire que le travail des communistes consistent à transformer les rapports sociaux.

Comment on fait maintenant pour passer de la situation actuelle à celle de la construction effective du communisme. Il y a différentes étapes à suivre. Chaque étape, une fois effectuée, devrait permettre de poser les jalons pour passer à l'étape suivante. Cela veut dire qu'à tous les moments, il y a une analyse de la situation concrète à faire pour déterminer les mots d'ordre concrets à appliquer. Cela veut dire quil faut donc une direction consciente, en lien avec les masses, un parti révolutionnaire prolétarien donc. Sans cela, on ne peut espérer passer d'une étape à l'autre pour transformer les choses. Pour le moment, les tâches tiennent plus à la lutte idéologique et politique qu'à la lutte économique.

Il y en a cependant pour dire qu'il ne faut pas trop insister sur la question des étapes; une fois que l'on se serait engagé dans un certain type d'activités, les choses débouleraient tout seul et on se dirigerait vers le communisme. Il s'agit ici de la fumeuse théorie de la révolution permanente du fumeux contre-révolutionnaire Trotsky. Cette théorie se résume à un schéma bien simple. Maintenant, on crée le grand parti des travailleurs (que ce parti ait conscience qu'il l'est ou qu'il ne l'est pas importe peu?). Ce parti grossit et grossit. Il arrive un temps où, les travailleurs et travailleuses, comme par magie, prennent conscience qu'ils et elles peuvent prendre le pouvoir. Cependant, une minorité dans le parti freine cette marche. Alors vient un conflit et se crée un parti révolutionnaire qui prend le pouvoir. Le parti prend quelques mesures dites révolutionnaires en faisant des nationalisations et comme par magie le socialisme se transforme en communisme. Sous le socialisme, il y a bien sûr des conflits. Il y a toujours une fraction du parti qui sait quoi faire; les trotskystes. Ce sont elles et eux qui doivent être les dirigeantEs dans les instances. Il y a toujours d'autre monde pour faire le travail de bras et ces dernières et derniers doivent suivent les directives des trotskystes qui sont au courant de tout parce qu'ils et elles lisent beaucoup les oeuvres de Trotsky. S'il arrive que les trotskystes sont expulsés du Parti, alors la révolution est trahie. Des incultes qui n'ont pas lu Trotsky ne peuvent rien faire...
Comment des trotskystes peuvent appliquer ce schéma au Québec? Ils et elles joignent Québec Solidaire. Ils et elles font des jeux de coulisse pour se retrouver dans les instances. Ils et elles doivent encore se dire communistes et maintenir l'existence d'une petite coterie. Cette fraction doit servir pour permettre aux tenants de cette ligne dans les instances d'imposer leur point de vue. Des menaces de départ en bloc, ça fait toujours peur et il faut bien utiliser cette possibilité dans des rapports bureaucratiques. Ces trotskystes font des propositions de programmes. Par exemple, il faut faire des nationalisations. Mais pourquoi? D'après ce qu'on peut comprendre, cela serait bon pour l'économie (les forces productives) ce qui, comme par magie, devrait permettre de passer au communisme. N'oublions pas que nous sommes dans un processus de "révolution permanente" où une petite gang en sait beaucoup et où les choses se réalisent comme cela, la dite "avant-garde trotskyste" monopolisant les postes dans les instances et savant tout.

Disons que des nationalisations peuvent se faire sous le capitalisme et peuvent même le servir. Au Québec, cela s'est fait dans les années 60 et il semble que la bourgeoisie québécoise y a trouvé son compte. Pourtant, l'électricité demeure une marchandise. Elle est vendu à des consommateurs et consommatrices et elle cherche à dégager de gros profits pour son actionnaire, l'État bourgeois du Québec. Si toutes les entreprises nationalisées fonctionneraient comme hydro-québec sous le socialisme, nous n'approcherions certainement pas du communisme. C'est ce qu'on appellerait du capitalisme d'État.

Dans le programme de Québec Solidaire on retrouve la création d'Éole Québec et Pharma Québec, deux entreprises publics qui feraient pression sur les entrprises privées pour faire baisser les prix des marchandises. Le PCQ, si on se fie à certains textes d'André Parizeau où on retrouve une idée du programme économique de cette organisation, demande que soit nationalisée au moins une banque1. Pour quelle raison: « Non seulement la mise en place d'une banque sous le contrôle de l'État pourrait devenir, avec le temps, une source appréciable de revenus pour ce dernier, lesquels revenus pourraient alors servir à financer encore mieux nos services publics (au lieu de servir uniquement les intérêts de spéculateurs et autres investisseurs privés, ce qui est totalement inutile d'un point de vue social), mais cela permettrait sûrement aussi, et ce à très court terme, de réduire le fardeau des dépenses pour les simples citoyens, ainsi que pour la petite et moyenne entreprise, en forçant en particulier les autres institutions financières à changer leurs propres politiques en matière de frais d'administration et de fixation des taux d'intérêts.»

Eh bien soit... une banque nationalisée au service de la population! Pourtant, Trudeau, dans le domaine du pétrole n'avait-il pas tenté de créer une entreprise qui aurait profité de l'exploitation pétrolière pour rendre abordable l'essence aux citoyenNEs et aux entreprises du Canada. On parle ici de Petro-Canada. Avec les résultats que nous voyons, le but de Pierre Elliot Trudeau n'a pas été atteint. Même que cette entreprise fort profitable maintenant, n'est plus une société de la couronne. Dans la même veine des nationalisations, on pourrait aussi envisager celles de toutes les compagnies d'assurance au Québec. Cela ferait un vaste fond d'argent dont une partie pourrait être retournée à la population sous forme d'une assurance médicament gratuite comprenant certains soins dentaires gratuits et autres, et dont une autre partie pourrait servir pour financer le développement économique du Québec comme le fait la caisse de dépôt et de placement du Québec qui gère les fonds de la Régie des rentes du Québec. Ça pourrait rejoindre celles contenues dans le document Des propositions concrètes en six points pour relancer l'économie du Québec2, relance qui se fera en redevenant maître chez nous et en créant une auto électrique.

En admettant que, certaines de ces propositions pourraient avoir une certaine utilité pour un premier stade du socialisme et qu'elles permettent de cheminer effectivement vers le communisme, aident-elles maintenant à mobiliser les masses populaire sur l'essentiel actuellement soit la construction d'un parti révolutionnaire. La bourgeoisie pourrait récupérer certaines de ces propositions économiques si elle en voit un certain intérêt. Une nationalisation, en soi, n'a rien de prolétarienne. Elle le devient si elle permet au prolétariat d'exercer son pouvoir politique. Si ces nationalisations permettent l'expression effective d'une politique prolétarienne au poste de commande, c'est ce qui compte. Mais aujourd'hui, à notre étape, peut-être existe-il des revendications plus simples mais plus mobilisatrices pour les masses? Une revendication doit servir à organiser le camp des masses et doit servir à élever son niveau de conscience politique.

Ces revendications qui répondent aux besoins des masses, on doit en articuler les luttes de manière à ce qu'il y ait un travail politique de fait. On dit que, sous le socialisme, la politique prolétarienne doit être au poste commande de l'économie. Comment, maintenant, crée-t-on les conditions pour passer à cela. Il faut bien créer le parti. Il faut qu'une partie importante des masses y adhèrent. Il faut bien que les masses soient pour la révolution et pour le socialisme. Si on en parle jamais et si on fait la promotion d'un programme économique dont la bourgeoisie peut s'accomoder, en quoi faisons-nous avancer la cause du communisme?

Il y en a qui vont dire que les masses ne sont pas prêtes pour le communisme et qu'il faut les attraper en faisant un certain détour (Québec Solidaire). Comment peut-on espérer que les masses prolétariennes puissent exercer un pouvoir un jour, si on ne leur fait pas confiance aujourd'hui et si on ne croit pas que, suite à un processus, leur niveau de conscience peut s'élever? D'ailleurs, l'histoire montre qu'il peut arriver un moment où le niveau de conscience des masses devient supérieur à celui de l'avant-garde. C'est donc dire qu'il doit exister une relation dialectique entre les masses et le parti prolétarien. Participer à des forums internet, et discuter de Trotsky, de Staline et de la pensée André Parizeau ne sont pas les éléments qui aident le plus à créer cette relation dialectique.

Travailler surtout à la construction de Québec Solidaire et se refuser à construire un parti révolutionnaire revient tout simplement à mépriser les masses. Les communistes croient fermement que les masses prolétariennes pourront exercer le pouvoir un jour. En conséquence, ils et elles ne craignent pas d'aller les voir, les interpeller et discuter franchement de révolution. Ils et elles organisent le parti qui va jouer un rôle déterminant dans cette révolution. Il y en a qui parlent de faire l'union de la gauche. Les masses ne votent pas pour la "gauche" et ne s'intéressent pas vraiment à la politique bourgeoise parce qu'elles n'y trouvent pas un intérêt. Ceci dit, il se peut aussi qu'elles rejettent aussi tout ce qui concerne la politique, l'assimilant à quelque chose de malsain et on comprend pourquoi. Les communistes prônent l'unité avec les masses, prônent la fusion du socialisme scientifique avec le prolétariat et cela n'a rien à voir avec l'unité de la gauche actuellement.

1http://www.pcq.qc.ca/Dossiers/PCQ/Economie/DesSecteursCles.htm
2http://www.pcq.qc.ca/Dossiers/PCQ/Economie/PropositionsRelanceEconomie.htm

vendredi 1 juin 2007

Clarification idéologique et parti prolétarien


Voici un texte de réflexion qu'un ami m'a fait parvenir. Beaucoup de gens dans la gauche révolutionnaire canadienne s'en remette à une forme de spontanéisme en espérant que des masses larges en viennent graduellement à faire par elles-mêmes l'expérience de la révolution et cela sans direction idéologique. «Le mouvement est tout. Le but n'est rien», tel serait leur slogan. Ces ''révolutionnaires'' disent défendre la nécessité d'un mouvement bien organisé. Ils et elles critiquent les «têtes folles» qui font de l'activisme et refusent le «militantisme». Mais, même si le mouvement est bien organisé, s'est-on affranchi pour autant du spontanéisme? Eh bien non! Ce qui compte c'est une vision claire de l'avenir, du but, et une mobilisation idéologique ferme là-dessus, une conscientisation idéologique des intérêts de long terme donc. Bien sûr qu'il faille lier l'intervention quotidienne avec ce but, autrement, le développement du mouvement révolutionnaire est impossible. Pour les communistes, l'organisation en parti prolétarien a toujours représenté la solution en ce sens. Une direction idéologique ferme est d'autant plus nécessaire que nous sommes au coeur de la bête, dans des nations impérialistes.
ML

Pour les maoïstes, la question de la clarification idéologique est d'une très grande importance. Si on reconnaît dans le maoïsme une avancée dans la pensée révolutionnaire, l'expérience de la révolution culturelle y est pour quelque chose. Qu'était-ce la révolution culturelle sinon une lutte de classe intense dans le domaine idéologique pour faire reculer la ligne bourgeoise qui menaçait de transformer le parti communiste en parti révisionniste i.e. le parti prolétarien en parti bourgeois.

Étant à l'étape de la lutte pour la révolution socialiste dans les pays du capitalisme avancé, la question de la clarification idéologique prend une très grande importance. Cela fait depuis très longtemps que les tâches de la révolution démocratique bourgeoise ont été réalisées. La bourgeoisie a pu consolidé son ascendant politique et idéologique sur les masses populaires.
Le communisme est un mode de production conscient. Comment y arriver si la révolution n'est pas pleinement consciente. Cette prise de conscience, ça se construit et ça s'organise. Pour cela, il faut une organisation qui orchestre cette construction. Cette organisation doit voir à ce qu'un travail intellectuel collectif se réalise. Cela demande une solide planification, une théorisation, une discipline et la réalisation pratique des tâches pensées. On ne peut pas croire qu'un tel travail puisse se réaliser spontanément sans une vision claire du travail à faire.

Nous devons réaliser une révolution consciente et cela demande un regroupement conscient. Mais aussi, la classe sociale qui a le plus intérêt à l'instauration de ce nouveau mode de production, le prolétariat, ne peut pas être considérée comme une classe totalement homogène. Le capitalisme est un mode de production qui a une structuration sociale très complexe, il y a différents secteurs économiques (secteur industriel, secteur commercial, secteur des services publiques, etc.). Il y a des domaines de l'économie où il y a encore des petites et moyennes entreprises qui se concurrencent et il y en a d'autres où on ne rencontre que des monopoles. Pour assurer une cohésion chez une classe sans grande homogénéïté, il faut une organisation, un parti prolétarien.

Le capitalisme, étant un tout complexe, vivra une multitude de contradictions internes. Il doit bien former le prolétariat, la petite-bourgeoisie et la bourgeoisie. Les sommes investies dans l'éducation proviennent du surplus économique de la société et la bourgeoisie souhaite que cela lui rapporte. Les étudiantEs se positionnent par rapport à l'utilisation de ces sommes, surtout si ils et elles se sentent conceméEs; ils et elles s'organisent en regroupement étudiant. Le capitalisme s'accommode de vestiges de modes de production précapitalistes. Cela peut être sur le plan local mais aussi sur le plan international. La situation des femmes, des gens de couleur ou appartenant à des populations nationales dominées résulte du maintien plus ou moins important de ces vestiges, tout dépendamment du lieu du globe où on se trouve. Les femmes et les populations nationales dominées se regroupent aussi dans des organisations, il en est de même des prolétaires, avec ou sans emploi, qui ont leurs organisations de défense immédiate, les syndicats ou les organisations de sans emploi.

Que vont faire ces organisations? Des luttes sur leurs revendications immédiates. Vont-elles aspirer à en découdre pour de bons avec le capitalisme? Spontanément non. Chaque mouvement social, y compris les mouvements syndical et de sans emploi, est traversé par des clivages de classe. Cela fera en sorte que chaque mouvement social verra spontanément l'apparition de regroupements aux orientations idéologiques distinctes. Cependant, ii n'est pas clair que les éléments les plus prolétariens de ces différents mouvements de lutte en viennent à poser clairement la nécessité de lier leur action avec une stratégie révolutionnaire globale et encore moins à réaliser effectivement cette dernière.

Il est vrai aussi que les éléments de gauche des différents mouvements de lutte vont chercher à établir des liens, voire même se regrouper dans des organisations qu'ils vont appeler « parti prolétarien ». C'est une chose se donner le nom. C'en est une autre d'agir comme tel. Un parti prolétarien organise des tâches concrètes pour la révolution, il ne cherche pas qu'à regrouper des gens de gauche ayant une aspiration vague et abstraite à la révolution. Il y en a d'autres, plus francs, qui vont en rester à un regroupement nominal de forces provenant de différents mouvements de lutte et travaillant sur un projet spécifique commun, tel un journal ou une revue. Ils ne rejettent pas comme tel la perspective révolutionnaire mais ne font pas grand chose pour la construire, ils veulent créer un lieu de convergences qui permettrait un support mutuel entre les éléments qui souhaitent radicaliser leur mouvement de lutte respectif.

Ces derniers pourraient-ils faire autrement? S'ils ne sont pas clairs sur la perspective révolutionnaire et s'ils n'organisent rien de concret pour la réaliser, ils ne peuvent faire que du radicalisme de gauche. Il ne s'agit pas d'inciter les gens à abandonner complètement l'organisation d'une aile gauche de ces mouvements. Par contre, pour être révolutionnaires, ces éléments doivent cesser d'agir en seule annexe de gauche des différents mouvements de lutte existants.

Il s'agit de dépasser le spontanéisme des luttes immédiates. La seule radicalisation des luttes immédiates ne peut être qu'une radicalisation du spontanéisme, sans plus. Comment faire maintenant? Pour débuter, il faut offrir une perspective de stratégie révolutionnaire, celle de la guerre populaire prolongée, et ensuite faire des tâches concrètes pour y arriver.

Pourquoi la perspective de l'insurrection ne permettrait pas d'organiser le travail révolutionnaire? En fait, la stratégie de l'insurrection est une parade commode pour justifier la continuation du seule travail spontané de radicalisation des luttes immédiates. En radicalisant les luttes spontanées, l'insurrection va venir d'elle-même tout seul sans un trop grand travail idéologique. En fin de compte, la stratégie de l'insurrection permet de ne pas organiser le travail de clarification idéologique. Si cette stratégie n'oblige pas à faire un travail de clarification idéologique, à quoi peut servir l'organisation d'un parti prolétarien en ce cas? A rien, puisque tout se fait spontanément sans planification consciente.

Pour mener un travail de clarification idéologique, il faut un parti prolétarien. Ce parti oblige ses membres à se réunir pour organiser cette lutte idéologique et travailler concrètement à la réalisation de la stratégie révolutionnaire. Une organisation qui s'appuie sur la spontanéité des masses dans les luttes ne peut que s'effacer. Ses membres vont rester à l'affût des luttes spontanées, s'investiront à fond quand elles vont se présenter et retourneront à une position attentiste par la suite. Le parti prolétarien doit profiter de l'irruption de tels mouvements mais il doit continuer son travail révolutionnaire de tous les jours. Se laisser porter par le seul enthousiasme du mouvement spontané est une erreur grave pour les révolutionnaires.

Par ailleurs, la stratégie de guerre populaire prolongée donne un indice du futur travail qui se fera après la prise de pouvoir par le prolétariat. Sous le socialisme, la production des biens et services ainsi que la distribution de ceux-ci se font par une planification consciente. De vastes campagnes politiques autour d'objectifs économiques précis définis par les masses et en fonction de leurs intérêts deviennent le moteur de la nouvelle économie. On met la politique prolétarienne au poste de commande. La guerre populaire prolongée impliquera les masses dans le processus révolutionnaire grâce à la réalisation de multiples campagnes révolutionnaires.

S'il faut de multiples campagnes pour construire la révolution, il faut bien une direction révolutionnaire pour les déterminer, il faut donc un parti. Ce parti coordonne un large travail sur différents plans. Il est actif au niveau politique, idéologique et militaire. Il doit tenir compte aussi des luttes immédiates des masses. La politique prolétarienne doit être au poste de commande et elle commande au fusil. Encore là, on ne peut pas s'illusionner sur la construction spontanée d'un mouvement révolutionnaire à travers la seule radicalisation militaire ou des luttes de masses.
Il y en a pour dire que la seule radicalisation militaire pourrait mener à la construction d'une nouvelle avant-garde politique. Les gens qui affirment cela ne garde qu'une idée de Mao « Le pouvoir est au bout du fusil ». Leur stratégie politique s'apparente plus à ce qu'a écrit Guevara qui, en son temps, était horripilé par le révisionnisme des partis communistes latino-américains.

Si Mao a insisté sur le rôle de la lutte armée et celui de l'armée révolutionnaire, il était clair aussi que le parti commande au fusil. Pour les maoïstes, la lutte de classe, qui est éminemment politique, prend différentes formes. On ne peut pas renverser la bourgeoisie à l'aide d'un seul petit groupe militaire. De un, les forces de la répression qui sont du côté de la bourgeoisie sont pas mal mieux organisées que celles du peuple. Ensuite, seul un petit groupe participe à la révolution laissant les masses dans une position passive. La révolution doit être 1 'œuvre des masses et le travail de l'armée révolutionnaire s'inscrit dans un tout où les masses doivent participer et avoir un rôle actif. Cela peut être par des grèves, des journées de perturbation économiques, de simples manifestations au contenu idéologique fort, etc. La direction de ces différentes actions de masses doit porter l'empreinte du parti qui doit veiller à assurer une cohésion à la lutte.

Ceci dit, cette direction révolutionnaire ne tire pas ses idées du ciel ni même de la tête de ses membres. Les idées justes viennent des masses. C'est donc dire que cette direction révolutionnaire doit organiser le travail d'enquête parmi les masses pour recueillir ce qui est juste, en faire la meilleure synthèse possible et retourner parmi les masses pour la faire valider en insistant les masses à participer au processus révolutionnaire. Si les masses participent à l'action révolutionnaire ou donnent un appui significatif, c'est peut-être la preuve que le travail d'enquête, de synthèse et d'application a été bien fait. Il reste aussi que, s'il y a des erreurs, il faut les corriger. Le travail collectif du parti est tout à la fois scientifique et démocratique.

L'étape actuelle en est une de clarification idéologique et une de construction du parti communiste révolutionnaire. C'est donc dire que la lutte idéologique sous toute ses formes, y compris certaines plus actives, sont à l'ordre du jour. Nous défendons une stratégie de guerre populaire prolongée. Celle-ci ne peut pas être pensée sans direction consciente, capable d'assurer une cohésion du mouvement révolutionnaire, donc sans parti révolutionnaire. Les tâches de la révolution socialiste demande une clarification idéologique maintenant. C'est donc dire qu'il importe de mettre de l'avant la construction d'un parti communiste révolutionnaire maintenant.

Troisième essai, un mètre à franchir... LE SACRE DE PAULINE 1re

Voici un texte qui provient de la liste de diffusion internet Arsenal Express qui nous prodigue le point du Parti Communiste Révolutionnaire du Canada sur différents sujets d'actualités
ML

La tragi-comédie qui s’est déroulée au cours des deux dernières semaines au sein du Parti québécois a fait ressortir tout ce qu’il y a de plus pourri dans la politique bourgeoise. Magouilles de toutes sortes – et pas toujours honnêtes! – dans le dos du chef, dans le but d’obtenir sa reddition; manœuvres de bas étage de la part de celui qui souhaitait devenir calife à la place du calife afin d’imposer son propre « couronnement »; ralliement insensé de tout ce beau monde à celle qui apparaît à première vue comme la plus susceptible de sauver un parti moribond; couronnement de cette dernière sans débat ni discussion : bref, le PQ nous a donné un exemple édifiant de ce que la politique-spectacle bourgeoise peut avoir de plus lamentable.

Selon toute vraisemblance, Pauline Marois se verra offrir la direction du PQ sur un plateau d’argent; chose certaine, l’exécutif du parti, dirigé par la « syndicaliste et progressiste » Monique Richard, y travaille de pied ferme et fera tout en son pouvoir pour décourager quelque adversaire potentielle à celle qui deviendra la première reine du PQ.

Celle que les membres du parti ont massivement rejetée il y a à peine 18 mois arrive donc comme une nouvelle messie et impose ses conditions: sous sa gouverne, le PQ devra se soumettre et « s’adapter aux nouvelles réalités ». Au diable l’article premier de son programme qui prévoit la tenue d’un référendum sur la souveraineté le plus rapidement possible dès l’élection d’un gouvernement péquiste! Fini le discours « social-démocrate » traditionnel qui se prétend attaché à « l’État-providence »! Contre toute attente, tout le monde se rallie derrière « Pauline » et achète cette nouvelle orientation, sans aucune dissidence!

Y compris les ténors de la « gauche indépendantiste », qui traquaient André Boisclair systématiquement et à qui ils n’ont jamais permis de s’éloigner d’un iota du programme du parti. Le chef du Bloc québécois et ex-marxiste-léniniste Gilles Duceppe, qui s’est vu administrer un cours accéléré de « Politique 101 » au cours du dernier week-end; son leader parlementaire Pierre Paquette, ex-syndicaliste et trotskiste jamais repenti; les dirigeants du « club politique SPQ-libre », Marc Laviolette et Pierre Dubuc, qui font de plus en plus figure de « Laurel et Hardy » de la gauche nationaliste: tout ce beau monde a soudainement découvert des vertus à la stratégie des « conditions gagnantes » de Lucien Bouchard (reprise en d’autres mots par Marois) et à la « modernisation de la social-démocratie » manière Tony Blair, que la nouvelle cheffe a annoncée en grande pompe.

De toute évidence, Pauline Marois a choisi de jouer dans les plates-bandes de l’Action démocratique de Mario Dumont. Elle flirte déjà avec le discours « autonomiste » (un éventuel gouvernement péquiste tenterait « d’arracher de nouveaux pouvoirs » au gouvernement fédéral); elle se présente comme une championne de la « classe moyenne » et du « parler vrai »; elle reprend la thèse numéro un défendue par les organisations patronales, à l’effet qu’il faut « d’abord créer la richesse avant de penser à la redistribuer » (elle qui se disait pourtant « plus proche des solidaires que des lucides » lors de la dernière course au leadership du PQ à l’automne 2005); elle se prononce pour le dégel des frais de scolarité universitaires, alors que son parti sort à peine d’une campagne électorale dans laquelle il s’est engagé formellement à s’y opposer! En quelques minutes à peine, Pauline Marois aura réussi, dans les faits, à modifier sensiblement le programme du PQ et à faire avaler cette couleuvre à tout son entourage – c’est un de ces revirements dont seule la politique bourgeoise a le secret…

« L’effet Marois » (dont on verra bien le temps que ça durera) semble même avoir porté au-delà des rangs du PQ. Ainsi, la direction bicéphale du parti Québec solidaire n’a pas osé dénoncer celle qui fut pourtant au cœur de l’élaboration et l’application des politiques de l’État bourgeois québécois au cours des 25 dernières années (coupures dans l’aide sociale, développement des politiques de « cheap labor » et de travaux forcés pour les pauvres, démantèlement du système de santé suite à l’application de la fameuse politique du « déficit zéro » par le gouvernement Bouchard dont elle a fait partie, etc. – la liste est longue des mesures anti-populaires dont Pauline Marois est responsable): sans doute Québec solidaire craint-il l’effritement de sa propre base électorale, déjà ténue, à la faveur de la « paulino-manie »? Même le Parti communiste du Québec (celui dirigé par André Parizeau) semble avoir été pris de court, lui qui n’a rien trouvé de mieux que d’afficher, en manchette sur son site Web, un « dossier de presse » accompagné de la biographie de la nouvelle cheffe péquiste!

La politique bourgeoise étant ce qu’elle est (i.e. axée sur l’image et la « saveur » du moment), à première vue, la nomination de Pauline Marois semble donc une bonne affaire pour le PQ. À plus long terme toutefois, elle ne vient régler aucun des problèmes que l’effondrement électoral récent de ce parti a mis en lumière.

Contrairement à ce que certains ont voulu croire, la dégringolade du PQ ne tient pas tant au fait d’avoir choisi André Boisclair comme chef en novembre 2005, qu’à l’élection du gouvernement Harper deux mois plus tard à Ottawa. Celle-ci a changé la donne politique au Canada; elle contraint le PQ et le mouvement souverainiste à revoir leur orientation de fond en comble. À quoi le projet indépendantiste correspond-il dans la configuration actuelle des classes au Canada? En d’autres termes, de quoi la bourgeoisie nationale québécoise a-t-elle besoin pour achever et consolider son intégration dans l’ensemble impérialiste canadien? Comment se fait-il que le Québec soit à la fois si près et si loin de la souveraineté? Cette contradiction, qu’un Bernard Landry a parfois évoquée, le PQ n’a jamais vraiment voulu y répondre.

Du point de vue des travailleurs et travailleuses, il est d’ores et déjà évident qu’il n’y a rien à attendre du PQ et de sa nouvelle leader. Le PQ n’a jamais été une alternative pour les ouvrières et ouvriers, et il l’est encore moins aujourd’hui.

Au mieux, tout ce qu’on peut espérer, c’est que Pauline Marois se lance dans un de ces « grands chantiers » dont le PQ a le secret et qu’elle propose de subventionner l’installation de « toilettes silencieuses » dans nos logements… Car c’est vrai que c’est tout un problème, ça, que d’entendre constamment le bruit de la chasse d’eau! Ah! la misère des riches…